La contrebande a joué un rôle significatif dans l’histoire du Pays Basque, en raison de sa situation géographique entre l’Espagne et la France. Pendant des siècles, les habitants de la région ont pratiqué la contrebande pour contourner les restrictions commerciales et les taxes imposées par les autorités des deux pays.
La contrebande était une activité clandestine dans laquelle des marchandises telles que le tabac, le café, l’alcool, le sel, les textiles et d’autres produits étaient illégalement transportées d’un côté de la frontière à l’autre. Les contrebandiers, souvent des agriculteurs, des pêcheurs ou des habitants locaux, utilisaient des sentiers de montagne, des chemins secrets et des voies d’eau pour transporter les marchandises.
Les contrebandiers étaient bien organisés et connaissaient parfaitement le terrain. Ils étaient souvent regroupés en bandes et coopéraient étroitement pour éviter les patrouilles et les douaniers. Les risques étaient élevés, car la contrebande était considérée comme un crime et ceux qui étaient pris en flagrant délit étaient passibles de lourdes amendes et de peines d’emprisonnement.
Malgré les efforts des autorités pour mettre fin à la contrebande, celle-ci a persisté pendant de nombreuses années en raison des avantages économiques qu’elle offrait aux contrebandiers et aux communautés locales. La contrebande était souvent perçue comme une forme de résistance face aux restrictions commerciales imposées par les puissances coloniales.
Aujourd’hui, la contrebande n’est plus une réalité quotidienne dans la région, en grande partie grâce à la suppression des frontières et à l’harmonisation des réglementations économiques. Cependant, son héritage persiste dans la culture et la mémoire collective du Pays Basque, et des initiatives de valorisation du patrimoine, telles que la restauration du sentier des contrebandiers de Xareta, permettent de rappeler cette période de l’histoire locale.
Le mythe du « bon contrebandier » a été largement popularisé par les romans et les récits qui ont souvent présenté ces personnages comme des héros populaires. Le romancier rochefortais Pierre Loti, notamment avec son œuvre « Ramuntcho », a contribué à façonner cette image romantique et attachante des contrebandiers basques.
Dans ces récits, les contrebandiers sont dépeints comme des individus qui se livrent à la fraude par « nécessité » ou par passion pour un « sport » aventureux. Ils sont représentés comme des hommes d’honneur, courageux et astucieux, capables de défier les autorités et de tromper les gabelous, les agents des douanes chargés de les pourchasser.
Les textes mentionnent également une « estime profonde entre vrais douaniers et vrais contrebandiers ». Cela suggère qu’il existait une sorte de respect mutuel entre ces deux groupes rivaux, peut-être en raison de leur rivalité et de leur engagement mutuel dans un jeu du chat et de la souris. Les douaniers étaient admiratifs de l’opiniâtreté des contrebandiers et de leur ingéniosité, tandis que les contrebandiers reconnaissaient la persévérance et les efforts déployés par les douaniers pour les traquer.
Cependant, il est important de noter que cette image idéalisée des contrebandiers ne correspond pas nécessairement à la réalité historique. La contrebande était une activité illégale parfois associée à des réseaux criminels. Les douaniers étaient chargés de faire respecter la loi et de lutter contre cette pratique, et il y avait évidemment des affrontements violents et des rivalités entre les deux camps.
Néanmoins, les œuvres littéraires et les récits romancés ont contribué à entretenir cette perception romantique de la contrebande, et cette image perdure encore de nos jours dans l’imaginaire collectif.
Dans les rapports des brigades douanières, le tabac et l’alcool sont fréquemment mentionnés comme étant des marchandises impliquées dans la contrebande, comme c’est le cas sur toutes les frontières françaises. Cependant, d’autres produits sont également concernés, tels que les denrées coloniales, notamment le sucre et le café. Même des articles tels que les allumettes et les cartes à jouer peuvent faire l’objet de trafics illicites, car ils sont rémunérateurs et suscitent la demande.
Ces activités de contrebande se sont intensifiées à partir des lois fiscales votées à partir de 1871 en France. Initialement, ces lois visaient à régler l’indemnité de guerre, puis à financer les préparatifs de guerre. Ainsi, des quantités importantes de sucre, de tabac, de café et d’autres marchandises étaient introduites illégalement sur le territoire, ce qui a nécessité une action renforcée des brigades douanières.
Les rapports mentionnent des exemples concrets de tentatives de contrebande. Par exemple, une lettre datée du 9 juin 1870 rapporte l’inspection d’Ainhoa, où neuf bandes de contrebandiers, totalisant 43 hommes, ont été interceptées avec 996 kilogrammes de sucre et de tabac. Six de ces bandes ont été contraintes d’abandonner 271 kilogrammes de marchandises qu’elles tentaient d’introduire illégalement, suite à l’intervention des brigades douanières.
Une circulaire du 29 janvier 1879 rappelle aux douaniers leur devoir d’être toujours prêts à l’affrontement. Elle rapporte également un incident où deux fraudeurs, après une brève lutte, ont réussi à s’échapper avec le café qu’ils transportaient, laissant derrière eux seulement quelques kilogrammes de sel et des blouses déchirées.
Ces exemples illustrent l’ampleur des trafics illicites et les efforts déployés par les contrebandiers pour échapper aux contrôles douaniers, ainsi que la nécessité pour les brigades douanières d’être vigilantes et prêtes à intervenir.
Deux fraudes permettent de distinguer la frontière basque des autres frontières où la contrebande était également active : La première est appelée « contrebande de guerre » et s’est développée entre 1872 et 1876 pendant l’insurrection carliste. Elle portait exclusivement sur les armes et les munitions. La deuxième fraude concerne le bétail et est apparue après le rétablissement de la police des troupeaux et des pacages par une lettre administrative du 20 août 1887.
La contrebande de guerre était directement liée à l’insurrection carliste, un conflit armé qui a éclaté en Espagne au XIXe siècle. Pendant cette période, la frontière basque était utilisée pour faire passer clandestinement des armes et des munitions destinées aux forces carlistes. Cette forme de contrebande était spécifique à la situation politique et militaire de l’époque.
La fraude liée au bétail était plus complexe et a posé de nombreux problèmes aux brigades des douanes. En raison des relations privilégiées entre les vallées de la région basque, il était difficile pour les autorités douanières de saisir les animaux de contrebande. De plus, les instructions concernant la répression de cette fraude étaient souvent contradictoires, ce qui rendait la situation encore plus compliquée.
Au début, la contrebande de bétail portait principalement sur les bovins et les ovins. Cependant, à partir de 1894, les saisies de chevaux pour infraction aux règlements en matière de pacage ont commencé à attirer l’attention des autorités. Cette évolution montre que la fraude liée au bétail s’est progressivement étendue à d’autres types d’animaux.
En résumé, ces deux formes de contrebande spécifiques à la frontière basque, la contrebande de guerre et la fraude liée au bétail, ont présenté des défis particuliers aux autorités douanières en raison des circonstances politiques et géographiques de la région.
Selon Michel Tihista, pratiquement tout le village était impliqué dans la contrebande, à l’exception du curé. Cela suggère que la contrebande était répandue et largement acceptée au sein de la communauté. Il mentionne également l’existence de deux ou trois équipes de contrebandiers par village, mais celles-ci n’étaient pas en concurrence les unes avec les autres. Au lieu de cela, il y avait suffisamment de travail pour tout le monde, ce qui laisse entendre que la contrebande était une activité courante et que de nombreux membres de la communauté y participaient.
Il est important de noter que ces informations sont basées sur le témoignage spécifique de Michel Tihista et reflètent probablement une réalité locale à l’époque mentionnée.
Crédit : (CC BY-NC-SA 4.0 – Euskal kultur erakundea – Institut culturel basque – www.mintzoak.eus), https://www.mintzoak.eus/fr/esterencuby/sequences/24-12/
La Rhune, ce massif montagneux situé à la frontière entre la province du Labourd en France et une partie de la Navarre en Espagne, était autrefois un lieu de contrebande. La crête de la montagne servait de démarcation entre les deux pays, s’étendant du ruisseau d’Insola jusqu’au col de Lizuniaga.
En raison de cette situation géographique particulière, la région était propice à la contrebande. Des marchandises telles que l’alcool, les cigarettes, les armes, ainsi que des produits alimentaires comme les conserves de sardines, étaient acheminées discrètement à travers des sentiers cachés, échappant ainsi à la surveillance des douaniers.
Dans les villages de la région, l’accusation de contrebande est souvent considérée avec amusement. Cette attitude est probablement due au fait que la population locale perçoit La Rhune comme un point central d’une même contrée, à la fois en Iparralde (le Pays basque nord, côté français) et en Hegoalde (le Pays basque sud, côté espagnol). Cela souligne le sentiment d’unité culturelle et géographique entre les deux côtés de la frontière, ce qui peut influencer la perception de la contrebande.
Les ventas, présentes le long des routes du côté espagnol et au sommet de La Rhune, sont des reliques de ces échanges illicites passés. Autrefois, ces relais de contrebande étaient très actifs, surtout dans les années 1920-1930. Aujourd’hui, elles ont été transformées en boutiques-auberges. Certaines ventas, plus isolées comme la venta Yasola, ne peuvent être atteintes qu’à pied.
Dans ces échoppes, outre les souvenirs touristiques, on continue de vendre du tabac et des boissons, qui sont moins taxés du côté espagnol. Cela s’explique par les différences de réglementation et de taxation entre les deux pays. Les ventas sont donc un lieu où l’on peut encore observer les vestiges de cette activité de contrebande passée.
Au fil des années, les itinéraires empruntés par les contrebandiers sont également devenus le cadre d’épreuves de course, telles que des cross par équipes mixtes. Ces courses se déroulent dans un style rétro, où les participants portent un pantalon noir et une chemise blanche, à l’ancienne. De plus, ils sont chargés d’un poids de 8 kilos sur les épaules pour les hommes, et de 4 kilos pour les femmes.
Ces activités sportives rappellent l’histoire de la contrebande et mettent en valeur le caractère pittoresque et historique de la région de La Rhune et du Pays Basque en général.
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